l'avant scène cinéma

Les Rêveurs

Les Rêveurs

Un premier film a souvent une trame autobiographique, comme s’il s’agissait de s’affranchir avant toutes choses, d’un vécu parfois oppressant avant d’aborder d’autres questions. Les Quatre Cents Coups, Le Vieil Homme et l’enfant, Diabolo Menthe… La liste est infinie. Concernant ces comédiens qui après avoir construit une carrière épatante passent derrière la caméra, la tentation pouvait sembler à
priori moins forte… Ils ont déjà tellement donné libre cours à leurs émotions…

Nonobstant son joli parcours et les rôles souvent très forts qui ont émaillé sa carrière, Isabelle Carré a pourtant choisi de revenir sur un épisode ô combien marquant de son adolescence : une tentative de suicide, suivie d’un séjour dans le service psy d’un hôpital. Le film effectue naturellement un va-et-vient entre passé et présent, les deux se donnant la main dans des scènes assez troublantes où c’est Isabelle Carré aujourd’hui (metteur en scène et personnage confondus) qui donne rendez-vous à des ados mal dans leurs pompes (et donc à elle-même ou du moins à celle qu’elle avait été) et à celle qui l’incarne à 40 ans de distance.

Son film aurait pu être nombrilique autant que désespérant… Or il est l’exact inverse de cela. C’est un film lumineux, tourné vers les autres, vers ceux qui souffrent. Le film dispense bien sûr beaucoup d’émotion (le contraire aurait été problématique), mais cette émotion est un carburant permettant de faire le chemin vers autrui, vers cette zone où le bien-être, la réalisation de soi cessent d’être des utopies pour devenir une réalité. Isabelle Carré dit que c’est en devenant comédienne qu’elle a trouvé la lumière. Les Rêveurs nous permet sans doute de partager cette lumière l’espace d’un film…


Yves Alion

Film français d’Isabelle Carré (2025), avec Isabelle Carré, Judith Chemla, Tessa Dumont Janod, Alex Lutz. 1h46.

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