l'avant scène cinéma

Pompei, sotto le nuvole

Pompei, sotto le nuvole

Célèbre pour la somme documentaire qu’il a consacré aux migrants, Gianfranco Rosi prend cette fois le site de Pompéi pour épicentre d’une chronique de la vie quotidienne de cette région. Belle idée à laquelle l’usage du noir et blanc confère une magie particulière À travers cette superbe errance guidée entre Naples et le Vésuve (dont Cocteau affirmait joliment que le volcan engendrait tous les nuages du monde), des images de fouilles se mêlent à des éléments de la vie quotidienne, des pompiers qui répondent aux urgences et des migrants qui exécutent les tâches pénibles, en passant par les archéologues qui explorent le site et les enquêteurs qui traquent sans relâche les pilleurs de tombes. On croise aussi un Ukrainien de passage, un professeur qui lit “Les misérables“ et une équipe de Japonais qui fait émerger une villa enterrée.

La photographie signée par le réalisateur en personne est rien moins que sublime, la fumée et la poussière omniprésentes. L’amour du cinéma exsude du moindre plan de ce film, qu’il passe par des extraits de Voyage en Italie (1954) de Roberto Rossellini et
d’images d’actualité ponctuées de plans de salles obscures à l’abandon. Avec en filigrane cet écho entre la traduction de Sotto le nuvole (littéralement Sous les nuages) et le titre d’un des derniers films de Michelangelo Antonioni, Par-delà les nuages (1995). Comme si Gianfranco Rosi avait souhaité à travers cette élégie célébrer la pérennité du cinéma italien qu’il admire, à travers deux de ses figures les plus emblématiques. Il n’a pas volé le prix spécial du jury qui lui a été décerné à la Mostra de Venise.


Jean-Philippe Guerand
Sotto le nuvole Film documentaire italo-français de Gianfranco Rosi (2025) 1h55.

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