Le Gang des Amazones
Mélissa Drigeard laisse ici tomber la comédie pour nous plonger dans la vie de cinq jeunes femmes, surnommées le Gang des Amazones. C’est en 1989 qu’on entend parler d’elles pour la première fois, et pourtant, ce fait-divers reste étonnamment méconnu en France. Cinq amies d’une vingtaine d’années décident alors de braquer sept banques, espérant échapper à la misère dans laquelle elles vivent. Au plus près de ses personnages, grâce à une caméra portée, souvent en courte focale, la réalisatrice capte l’urgence, la rage, mais aussi la fragilité de ces femmes.
Pendant deux heures, on partage leurs galères, leurs élans, leurs contradictions. Si l’œuvre repose sur la force de son sujet, elle doit beaucoup à la justesse de sa mise en scène. Drigeard filme sans jamais juger ni glorifier. Elle adopte un regard bienveillant, ancré dans un quotidien banal, souvent dur, parfois drôle. Les cinq comédiennes apportent chacune une nuance différente au groupe :révolte, insoumission, naïveté, peur ou espoir. Ensemble, elles forment un portrait collectif vibrant, fait d’amitié, de loyauté, mais aussi de désillusion.
Le film réussit ainsi à mêler tension et émotion, sans jamais tomber dans le sensationnalisme. On sent une réelle empathie derrière la caméra, une volonté de donner la parole à celles qu’on n’écoute pas. Sans prendre parti, Le Gang des Amazones invite à réfléchir aux inégalités et à la précarité qui, plus de trente ans après, demeurent tristement actuelles. Les années ont passé, mais la misère, elle, est toujours là. En redonnant visage et voix à ces femmes oubliées, Le Gang des Amazones rappelle que derrière chaque fait divers, il y a une histoire de survie, de colère et de dignité.
Myriam Burloux
Le gang des Amazones, film français de Mélissa Drigeard (2025), avec Izïa Higelin, Lyna Khoudri, Laura Felpin, Mallory Wanecque, Kenza Fortas. 2h05.