Le Cinquième Plan de la jetée

Le Cinquième Plan de la jetée est un voyage. L’entrée dans un autre univers, celui de la reconnaissance d’une silhouette, d’une allure, l’instant fugace d’une image qui défile. Sensation chevillée au corps.
Retrouver l’ombre de ceux qu’on a connus ou qu’on croit connaître. Dominique Cabrera part en quête à travers cette histoire. La quête d’un cousin apparu par hasard dans un film où un homme est, lui aussi, obsédé par une image de son enfance. Une quête d’identité, une quête de soi. Dans cette découverte étonnante, c’est le retour à la famille, aux souvenirs. Interroger ceux qui étaient là, les parents, les oncles, les tantes. Fouiller les albums, chercher dans les plis du temps. Dominique Cabrera nous livre une œuvre intime.
Un film qui agit comme une machine à remonter le temps, et nous invite à réfléchir sur le besoin humain de retrouver une trace infime de soi dans l’immensité du monde. Elle nous parle du déracinement. Celui de tous ces Pieds noirs arrivés en France au moment de l’indépendance de l’Algérie. La jetée devient alors un seuil entre passé et avenir, entre l’oubli et le souvenir. Le film devient une lettre adressée à un maître, mais aussi une conversation entre deux cinéastes-poètes. L’une travaille avec des visages vivants, l’autre avec des images figées. L’une cherche l’émotion du présent, l’autre la mémoire d’un instant disparu. Leur rencontre devient un geste d’amour envers le cinéma lui-même.
Enfin, ce film nous parle de ce qui manque. De ce que l’on ne saura jamais. Ce petit garçon sur la photo, est-ce vraiment Jean-Henri ? Le mystère reste entier… Et c’est peut-être là que réside toute la beauté de ce plan, suspendu entre la réalité et le rêve.
Myriam Burloux
Film documentaire français de Dominique Cabrera (2024). 1h38.