La Femme la plus riche du monde

Toute ressemblance avec des événements existant ou ayant existé est évidemment délibérée.
C’est même la raison d’être du sixième long métrage de Thierry Klifa dont toute l’œuvre en tant que réalisateur reflète une passion des acteurs qu’il a d’abord assouvie en tant que journaliste au magazine Studio.
À l’écran, La Femme la plus riche du monde incarnée par Isabelle Huppert se nomme Marianne Farrère. Dans la réalité, il s’agissait de Liliane Bettencourt, l’héritière de l’empire L’Oréal. Une vieille dame devenue indigne lorsqu’elle s’est entichée du photographe mondain François-Marie Banier à qui elle a consenti des faveurs somptuaires, simplement parce qu’il l’amusait par ses extravagances et son culot. Un rôle tenu dans le film par Laurent Lafitte qui charge son personnage plus que de raison avec une jubilation communicative sur le registre toujours gratifiant de l’homme que vous aimerez haïr.
En l’occurrence, un arriviste escorté de son mignon qui n’a cure ni de l’étiquette, ni des bonnes manières et commet l’erreur funeste de fâcher une mère avec sa fille mal aimée (Marina Foïs impeccable) qui voit l’empire familial menacé par cet aventurier sans foi ni loi.
Le scénario écrit par le réalisateur avec Cédric Anger n’a de pitié pour aucun de ses protagonistes et dépeint ce milieu très fermé des grandes fortune françaises dans lequel le cinéma n’a jamais vraiment osé s’aventurer, tant le secret en constitue la plus sûre des protections. Cette comédie des apparences cruelle et sardonique, au final très chabrolienne a le mérite de ne jamais bouder notre plaisir et de faire rire jaune d’un gotha fantasmé.
Jean-Philippe Guerand
Film français de Thierry Klifa (2025), avec Isabelle Huppert, Laurent Lafitte, Marina Foïs. Raphael Personnaz. 2h03.