l'avant scène cinéma

Eleanor the Great

Eleanor the Great

Eleanor Morgenstein, 94 ans, se remet mal de la mort de sa meilleure amie Bessie. Par un hasard de circonstances, elle se retrouve à faire sienne l’histoire tragique de la défunte. Ce qui ressemblait à un mensonge innocent prend vite des proportions inattendues. Pour son premier long métrage, Scarlett Johansson suit de manière assez programmatique l’engrenage dans lequel se retrouve prise son héroïne qui, par désir de retrouver un sens à sa vie, se fait passer pour une rescapée de la Shoah. L’occasion de brosser le portrait d’une femme acide et caustique qui, malgré son âge, témoigne d’un dynamisme et d’un sens de la répartie qui font pâlir de jalousie bien des plus jeunes. À commencer par sa propre fille, insupportée de voir que sa vieille mère refuse de se “ranger”.

Pour compenser cette incompréhension, Eleanor se lie d’amitié avec une étudiante de 19 ans qui voit en elle un modèle et se prend à rêver d’une nouvelle jeunesse. Bref, la vieille dame fait les 400 coups, bien décidée à ne pas se laisser enterrer prématurément. Mais ce qui pourrait donner lieu à une pétillante comédie doit nécessairement basculer dans le drame et les bons sentiments dégoulinants. Scarlett Johansson applique si poliment la recette d’un certain cinéma américain efficace mais complètement formaté qu’elle privilégie la leçon de morale (le mensonge, c’est mal) aux véritables enjeux de son récit : montrer la difficulté de vieillir dans une société qui ne cesse de rétrécir l’horizon de ses aînés, les renvoyant sempiternellement à leur condition physique, sans comprendre que l’appétit de vivre ne s’éteint pas avec l’âge.


Marie-Pauline Mollaret
Film américain de Scarlett Johansson (2025) avec June Squibb, Erin Kellyman, Rita Zohar, Jessica Hecht, Chiwetel Ejiofor. 1h38.

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