Ce que cette nature te dit

Trente-troisième film du cinéaste, tournage bouclé en 8 jours : on est toujours surpris par la rapidité, l’efficacité, l’inventivité de Hong Sang-soo. Comme d’habitude, l’alcool est (discrètement) un des personnages principaux, puisqu’il permet le retournement subit, brutal, d’une narration qui commençait dans la délicatesse, calmement, avec la politesse quotidienne exigée en Corée (comme au Japon, comme dans une partie de l’Asie).
Ces conventions sociales et ces tensions invisibles sont un des propos de ce récit. Une jeune femme présente son compagnon-poète à ses parents, intéressés par le nouveau venu, bienveillants, accueillants. La mère de la jeune femme est passionnée de poésie comme le garçon.
La maison est située dans un cadre choisi, les arbres, les fleurs, le relief même du jardin marquent le souci de perfection du père, arrivé au moment de sa vie où la beauté de la maison est l’accomplissement par excellence. Maison construite en hommage soumis à une mère disparue.
On aura droit (avec satisfaction) aux longues conversations autour d’une table, toujours captivantes. Aux apartés aussi, aux commentaires changeants sur les personnages absents de la scène.
Très subtilement, le cinéaste pense les rapports familiaux, sentimentaux, avec son humour habituel.
En préservant toujours le doute, l’ambiguïté, les ouvertures incertaines sur des significations qui tiennent le spectateur en haleine.
René Marx
Geu jayeoni nege mworago hani. Film coréen de Hong Sang-soo (2025), avec Ha Seongguk, Kwon Haehyo, Cho Yunhee, Park Miso, Kang Soyi. 1h48.